Justin Sassier

De la neuroscience à l’écologie: quel est l’impact de la pollution sonore sur le développement de la faune urbaine ?

Avec l’expansion démographique humaine, nos paysages se transforment et nos villes prennent de plus en plus le pas sur les milieux ruraux dans un processus continu d’urbanisation. Dans le même temps, le développement de nouvelles voies de transports routiers, ferroviaires ou maritimes amplifie ce processus et entraine de profondes modifications des écosystèmes auxquelles la biodiversité se retrouve confrontée. La pollution sonore qui accompagne cette urbanisation représente une source majeure de perturbation et est connue pour entraîner des effets délétères sur la santé humaine (sommeil, apprentissage, etc). Néanmoins, les effets du bruit sur la faune sauvage n’ont été que partiellement compris et étudiés. Une recherche plus approfondie des réponses physiologiques et développementales en réponse à cette pollution s’avère donc fondamentale pour comprendre comment celle-ci altère le fonctionnement des organismes qui vivent en milieux urbains.

Les oiseaux sont des espèces particulièrement concernées par cette forme de pollution. En effet, en raison de leur plasticité, de nombreuses espèces d’oiseaux sont capables d’évoluer dans des paysages urbains bruyants. De plus, leur reproduction repose sur des signaux acoustiques (chant, quémandage des jeunes, territorialité) qui peuvent être perturbés par la pollution sonore. Ils sont en outre souvent exposés à des niveaux de bruit importants qui peuvent engendrer des conséquences néfastes sur leur physiologie. Pour toutes ces raisons, ils représentent donc d’excellents modèles d’études pour caractériser les conséquences du bruit anthropique sur le fonctionnement des organismes.

C’est dans cette optique que s’inscrit ma problématique de thèse qui vise à étudier l’impact de la pollution sonore sur le développement cognitif de la faune urbaine, en combinant des approches liées à l’écologie, la physiologie et les neurosciences. Dans un premier temps, mon travail consiste à effectuer des suivis de populations de mésanges charbonnières (Parus major) de milieux forestiers et urbains pendant la période de reproduction et d’étudier comment le bruit anthropique affecte le développement des poussins in ovo et après l’éclosion. En parallèle de cette approche de terrain, je travaille également sur une espèce de laboratoire : le diamant mandarin (Taeniopygia guttata). A l’aide d’une approche en milieu contrôlé, mon objectif est d’évaluer expérimentalement les effets de la pollution sonore sur le développement cognitif des poussins et d’étudier plus en détail l’impact de cette pollution sur les mécanismes neuronaux et cognitifs qui sous-tendent les performances cognitives.

Doctorant au sein de l’équipe ECOPHY (2023-2026)
Encadrants : Frédéric Angelier (CEBC) et Jérome Badaut (RMSB)
Ecole doctorale : EUCLIDE (La Rochelle Université)
Financeurs : MITI CNRS
Mail : justin.sassier(at)cebc.cnrs.fr