Cigognes blanches

Dynamique de population, écologie et conservation de la cigogne blanche dans l’ouest de la France

Suite à quelques reproductions épisodiques entre 1960 et 1966, la cigogne blanche se reproduit sans interruption en Charente-Maritime et les marais de l’ouest de la France depuis 1978. La Charente-Maritime héberge actuellement la plus importante population de cigognes blanches nicheuses en France, avec plus de 520 couples en 2019.

Un programme de recherche et de conservation a été initié et développé depuis 1978 par le Groupe Ornithologique Aunis Saintonge (GOAS) sous l’égide du Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (Muséum National d’Histoire Naturelle), auquel le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CNRS) s’est associé depuis 2001, en collaboration avec l’institut de recherche BioSphère Environnement et l’ACROLA (Association pour la Connaissance et la Recherche Ornithologique Loire Atlantique) depuis 2016.


Les objectifs principaux sont:

  • de comprendre la démographie et la dynamique de cette population et d’identifier les facteurs climatiques et environnementaux qui peuvent l’affecter.
  • de déterminer les domaines vitaux des adultes en période de reproduction.
  • d’affiner les connaissances sur les stratégies de migration et d’hivernage.

Les résultats issus de ce programme permettent de mieux comprendre la réponse des populations aux changements climatiques et d’aider aux stratégies de conservation des milieux humides.


Ce programme est basé sur le suivi à long terme d’individus bagués et, depuis 2019, sur la pose de balises GPS sur un échantillons restreint d’individus.

La population de cigognes blanches en Charente-Maritime est une population sauvage.

La forte augmentation du nombre de couples depuis 1988 est principalement due à l’immigration de cigognes nées en Espagne, Suisse, Hollande, Pologne et dans d’autres départements français, ainsi qu’au recrutement de nombreux poussins nés en Charente-Maritime.

Depuis plusieurs années le nombre de couples nicheurs augmente également dans d’autres régions de France (Gironde, Loire-Atlantique, Vendée, Landes, Alsace).

Le baguage a permis d’identifier les lieux d’hivernage : l’Afrique sahélienne et l’Espagne. Au Sahel la survie des individus est dépendante des quantités de pluies, alors qu’en Espagne les décharges à ciel ouvert favorisent les cigognes qui y trouve de la nourriture.

Le maintien de cette population dépend de la conservation des marais charentais.

En Charente Maritime, les cigognes se nourrissent essentiellement d’insectes aquatiques, de courtilières et depuis récemment d’écrevisses américaines introduites. Elle consomment également des grenouilles et des micromammifères.

La population charentaise n’est pas actuellement menacée. Les résultats du programme permettent d’affirmer que cette population pourrait fortement diminuer ou disparaître si:

– les zones de marais autour des sites de nidification venaient à disparaître suite à leur mise en culture

– d’importantes sécheresses avaient lieu dans les zones d’hivernage (Sahel)

La fermeture des décharges, en Espagne notamment, dans les années à venir pourrait avoir une influence sur la survie des individus et donc sur la taille de la population.

Si vous avez observé une cigogne baguée ou trouvé une cigogne baguée morte, cette information nous intéresse . En nous envoyant cette information vous contribuez au programme de recherche sur cette espèce.

Vous pouvez nous communiquer cette information (numéros de la bague métal et bague couleur) soit sur le site ciconiafrance, soit par email (barbraud@cebc.cnrs.fr).  

Quelques publications issues du programme

Gadenne, H., Cornulier, T., Eraud, C., Barbraud, J.-C. & Barbraud, C. 2014. Evidence for density-dependent habitat selection at varying scales in an expanding bird population. Population Ecology 56: 493-506

Nevoux, M., Barbraud, J.-C. & Barbraud, C. 2008. Non-linear relationships between climate and vital rates in a migratory white stork population. Journal of Animal Ecology 77: 1143-1152.

Saether, B.-E., Grøtan, V., Tryjanowski, P, Barbraud, C., Engen, S & Fulin, M. 2006. Climate and spatio-temporal variation in the population dynamics of a long-distance migrant, the white stork. Journal of Animal Ecology 75: 80-90.

Barbraud, C., Delord, K., Barbraud, J.-C. & Barbraud, M. 2002. Changements récents dans le régime alimentaire des poussins de Cigogne blanche Ciconia ciconia en Charente-Maritime (centre-ouest, France). Alauda 70: 437-444.

Barbraud, C., Barbraud, J.-C. & Barbraud, M. 1999. Population dynamics of the White Stork Ciconia ciconia in western France. Ibis 141: 469-479.

Barbraud, C. & Barbraud, J.-C. 1998. Le régime alimentaire des poussins de Cigogne blanche Ciconia ciconia, en Charente-Maritime: importance des insectes. Alauda 65: 259-262.

Barbraud, J.-C. 1978. Nidification de la Cigogne blanche (Ciconia ciconia) en 1978 en Charente-Maritime. Trajhasse 8: 11-13.